lundi 6 décembre 2010

«Comprendre le monde pour un homme, c'est le réduire à l'humain.» CAMUS

 
 
 
La lumière filtre au travers d'un rideau transparent. Un lampadaire. C'est une lumière orangée qui vient glisser sur chacun des murs du petit appartement. Une ambiance de nuit. D'ailleurs il dort. J'ai attendu que sa respiration aie des accents assez rauques pour que je le déclare endormi. J'ai appelé son nom, une seule fois, il n'a pas répondu. Ça suffisait. Doucement je me suis extraite des draps pour aller me poster près de la fenêtre. Dehors tout semble s'être calfeutré dans le silence et l'absence. Les voitures qui passent font presque des bruits de vagues s'échouant sur le sable.

J'ai envie de tenir une tasse de thé brulant. J'aimerais approfondir le cliché. J'ai trop peur de le réveiller. C'est étrange, on redoute toute sa vie les clichés qui rendent nos vies anonymes, et quand on les croise malgré tout au détour de nos quotidiens bien cintrés, on est bien forcés de constater qu'ils forment une couverture confortable où vient se blottir notre cerveau en pagaille. Utérus chaleureux où l'on flotte d'aise. Terrain connu.

Ma musique se joue en sourdine autour des meubles. Morceaux que j'avais choisi pour envelopper mon sommeil. La musique sonne différemment la nuit. Dans ces moments j'ai la profonde impression de ne jamais avoir pris le temps d'écouter. De ne jamais avoir pris conscience de la teneur des mots et des notes. Les écouteurs toujours dans les oreilles ça n'est qu'une façon de fuir le bruit, une capitulation devant la vie et les gens. Mais on en peut faire naître la musique qu'au milieu d'un silence. Autrement rien ne s'entend vraiment. Et ce soir on ne pourrais pas me convaincre du contraire.


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